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1 juin 2020 1 01 /06 /juin /2020 08:33
Se hisser vers où

                           Photographie : Blanc-Seing

 

 

***

 

 

Se hisser vers où

 

Voyez-vous il est si difficile

Déjà

De se tenir debout

De ne point chuter

Dans la première ravine

Venue

De tracer son chemin

Sur la ligne de crête

De jouer les éternels

Funambules

 

Le fil est sous nos pas

Si tendu qu’il pourrait

A tout instant se rompre

Nous envoyer à trépas

Nous n’aurions plus alors

Que le vide pour compagne

L’Absolu pour demeure

 

Se hisser vers où

 

Je divaguais au bord de l’eau

Le rivage me prêtait

Sa rassurante nacelle

Tout était si calme

On aurait dit l’aube

D’un jour nouveau

L’intranquille m’avait quitté

Du moins je le croyais

 

Homme du peu

Et du hautement dicible

Cette vrille du discord

J’étais assez naïf

Pour attendre des signes

Le don d’une vérité

Ils ne pouvaient que proférer

Une insigne parole

Et assurer mon être

D’une immanente joie

Aussi indestructible

Que le roc de granit

 

Se hisser vers où

 

Malgré cette belle assurance

La question était récurrente

Se hisser vers où

Comme si un mystérieux dessein

Inclus dans les choses mêmes

Leur conférait

Une ardeur sans pareille

 

Nous les Terriens

Nous devions quitter

Notre sol natal

Éprouver dans une sorte

D’ivresse

L’embellie des nuages

La sublimité de l’éther

Le délire du Ciel

 

Au Ciel

Je posais la question

De tout ce qui

Par essence

Vouait au dépassement

Au rayonnement

 

La Religion au premier chef

Le Ciel me répondit

Que la mienne me suffisait

 

L’Art ensuite

N’était-il pas là où

J’en décidais la présence

 

Puis l’Histoire

Où il me fut répondu

Que seules

 Mes aventures comptaient

 

Puis la Science

N’était-elle le savoir

Que j’avais construit

Pierre à pierre

Dans le secret

De mon esprit

 

Puis la Philosophie

En existait-il une autre

Que celle qui tressait

La mesure de mes jours

En déterminait le sens

 

Puis la Morale

En sécrétais-je une autre

Qui n’eût été en conformité

Avec mes intimes aspirations

 

Enfin la Poésie

Pouvais-je en éprouver

La texture de soie

Ailleurs qu’en cet ombilic

Qui me reliait à l’origine

 

Se hisser vers où

 

J’avais donc tout en moi

Depuis que le temps

M’avait visité

Et ne le savais pas

Sans doute ce non-savoir

Etait-il la cause

De mes tourments

 

S’élever en quelque manière

Dans la Science ou les Arts

La Religion ou la Philosophie

Revenait à puiser l’eau

A leur source

Qui se confondait

Avec la mienne

 

Je regardais au loin

Les montagnes faire

Leurs taches violettes

En enviant le curieux dessin

En scrutant les grandioses sommets

J’avais une colline ombrée de bleu

Au sein de ce corps mutique

Il s’élevait à bas bruit

Vers plus grand que lui

J’en ignorais

La « multiple splendeur »

 

Se hisser vers où

 

Ce rocher sur la côte

Il ressemblait

À un être pathétique

Tendant vers le Ciel

Sa lourde matière

Se savait-il traversé

De ces nuées de signes

Ou bien gisait-il aliéné

A la pesanteur de la terre

 

Il fait si lourd lorsque

L’orage gronde

Et que l’on n’en peut

Saisir l’Eclair

Toujours les dieux

Se retirent

Qui

Sont

Muets

 

*

 

 

 

 

 

 

 

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