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1 août 2020 6 01 /08 /août /2020 08:09
Seulement le pli d’une ligne

          Œuvre : Barbara Kroll

 

 

***

 

 

 

C’était seulement

le pli d’une ligne

 

En savais-tu le prix

L’obole à verser

Au versant de l’Autre

Nullement une dette

Un signe de reconnaissance

Un geste d’abandon

 

*

 

Le jour était curieux

Teinté d’opale

Les bords de la mer

Invisibles

La brume dense

Ton visage éloigné

De la mesure du jour

Le ciel si haut

On l’aurait cru absent

La terre si basse

Que nos pieds foulaient

La poussière blonde

Elle s’enfuyait au loin

Là-bas où nous n’étions pas

Où nous aurions rêvé d’être

Dans le luxe immémorial

De notre chair

Dans le feu

De notre conscience

 

*

 

Etions-nous au moins

Auprès d’une chose connue

Un livre familier

La couleur d’une encre

Le mauve de tes yeux

La perte de mon regard

Pour le large horizon 

Et le temps qu’était-il

Sinon cette fuligineuse perte

Ce vertige des corps

Cette lutte à jamais

Ce vide

Cette brèche

Qui sans doute

Jamais ne se refermeraient

 

*

 

Et l’espace où était-il

Non le vaste cosmos

La distance de toi à moi

La braise d’un sentiment

Peut-être juste une cendre

Dans le jour qui mourrait

Bientôt

 

*

 

Une mouette soudain

A volé si bas

Son ventre effleurait l’eau

Le Destin m’as-tu dit

Et ta voix a tremblé

Une voile perdue

Faisait son blanc sémaphore

Ce triangle cette pointe

Etaient-ce le danger

En nous

Entre nous

Hors de nous

Comment aurions-nous pu

Le savoir

Nous qui existions à peine

 

*

 

Bientôt la lagune a refermé

Son dais de cendre

Les campaniles se sont inclinés

Pour la nuit

Le bruit des yoles

Glissait infiniment

L’écho des cœurs

Était à son comble

Des étoiles disaient le firmament

En touches

À peine visibles

 

*

 

Remonte le col de ton manteau

Ai-je dit

Le froid est là qui bientôt

Sonnera l’heure du retour

Quel retour as-tu repris

Il n’y a de retour qu’à soi

Ta voix planait à l’encan

D’une encre lourde

Ta si belle voix voilée

Où se devinait la rumeur

De tes heures

Tu étais si mystérieuse

Inconnue de Passage

Et mes doigts trop usés

De tristesse

Pour pouvoir te retenir

 

*

 

Bientôt sur la lagune

Glacée de Lune

 Tu ne fus plus

Qu’une vague parole

Enlacée de rien

Je demeurai sur la grève

Interdit

T’avais-je rêvée

Belle Ophélie

Toi qui flottais

Sur l’eau des nuées

Toi qui scindais ma tête

En deux

Une partie emplie de silence

Une autre versée au doute

 

*

 

Le jour est pâle

À peine levé au-dessus

De la houle des toits

Ma croisée est ouverte

Sur l’immense

Où rien ne se dit

Que le vaste chemin du monde

Il faut avancer

Oui avancer

Demain peut-être

Te fera renaître

Ceci est l’étincelle inscrite

Au plein de mon être

Je ne vis qu’à l’entretenir

Dis-moi ton nom

Fût-il de songe

Je veux être homme debout

Plus loin que ces eaux grises

Plus loin que moi

Puisque le désert m’habite

Où rien n’est présent

Que les vagues de sable

 À l’infini

 

Seulement le pli d’une ligne

Ce qui demeure

 

*

 

 

 

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