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31 août 2021 2 31 /08 /août /2021 17:14
Terre, Terre donatrice de vie.
Terre matricielle aux douces faveurs.
Terre multiple don de soi.
Terre germinale qui fait lever la semence.
Terre utérine d’où tout se hisse,
tout croît et fructifie.
Terre de doux repos des corps.
Terre fondement de toute genèse.
Terre recueillant en sa plénitude
l’épiphanie de tout vivant.
Terre d’abondance que le coutre ouvre afin
qu’un destin se déploie à l’horizon du monde.
Terre, as-tu perdu tes prédicats si précieux, t’es-tu immolée pour d’aventureuses et irrémédiables noces funestes ? Comment pourrait-on reconnaître ton image, ta souple effervescence, l’offrande dont tu es la plus réelle des manifestations ? Terre tu t’es désertée. De toi, tu as ôté tout ce qui constituait ton essence : le malléable, le ductile, la mouvante disposition, la généreuse ressource inépuisable, ta capacité à être recueil et intarissable élan. Autrefois tu étais parcourue de lignes de faille, les clivages te déterminaient en tant que constant réaménagement, le tellurisme t’habitait comme ton langage le plus précieux, de lourdes et profondes racines s’invaginaient en ton sol et y traçaient le rythme de ton éternelle perdurance. Et aujourd’hui, et maintenant en cette ère de pesant nihilisme, que demeure-t-il de toi que cette surface plane de ciment têtu, que cette pente de bitume qui semble te conduire au lieu même de ton ultime perdition ? Terre, réponds donc, en ton sein même, fût-ce en mode de soliloque, à celle que tu es qui, jamais, ne pourra se réduire à n’être que poussière envolée par le premier vent. Nous les Egarés te voulons comme nous voulons notre propre Mère !

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31 août 2021 2 31 /08 /août /2021 17:12
Ciel, ciel de libre avenue
au-delà des meutes de nuages.
Ciel de pure liberté.
Ciel où se dressent les fiers coursiers
aux crinières aériennes,
le noble Harmattan, le furieux Noroît,
la dissipée Tramontane, la lame fine de la Bise,
la fugue à peine aperçue de l’Alizé.
Ciel d’immense destinée
que rien ne saurait arrêter,
cerner au titre d’une prétention des hommes.
Ils ont beau courir, les hommes, selon toutes les latitudes et longitudes célestes, traverser l’océan de l’Ether, ils ne sont jamais que d’infinitésimales présences, des vanités qui ne voient même pas le masque de la sublime Mort.
Ciel de séraphique constitution.
Ciel tissé de silence
et de vastitudes sans nom.
Ciel qui ne connaît nulle limite.
Ciel-clairière d’un sens toujours renouvelé.
Ciel polyphonique où meurent
les rumeurs babéliennes des Terrestres.
Ciel, pourrais-tu un jour consentir à t’absenter de toi, à te confondre avec la ligne d’horizon, à banqueter parmi les Existants en quelqu’une de leurs sombres tavernes ? Accepterais-tu que la transcendance qui te constitue ne se résolve plus qu’en une aveugle immanence ? Et pourtant, ne s’agirait-il de ceci ?
Ta coiffe libre d’azur flottant aux mille confluences de l’univers tu en as troqué l’inestimable faveur contre cette dalle, certes caressée de lumière, mais de redoutable présage. Te penchant légèrement, tu peux apercevoir cette volée de marches, ces degrés du sensible escaladant leurs limites afin de t’atteindre en ton Intelligible Empyrée. Mais combien les hommes qui se risquent à une telle ascension sont limités, insuffisants en leur nature de Mortels ! Il leur faudrait avoir franchi le Rubicon de leur propre nature, connaître la plénitude de leur essence pour pouvoir habiter sur les hauteurs célestes. Certes, dans leur esprit ils s’estiment les égaux des dieux, les compagnons de l’Esprit, les commensaux de l’Âme. Mais combien ils se trompent. On ne sort pas si aisément de sa demeure de chair pour habiter les libres fluences de ce qui se donne pour diaphane, insaisissable, infiniment mobile, ayant des affinités avec la dimension de l’Infini, avec les rémiges largement déployées de l’Absolu.
Il y a le Céleste et l’Illimité.
Il y a le Terrestre et le Limité.

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31 août 2021 2 31 /08 /août /2021 17:11
Au début, il n’y a rien. Le monde est vide. L’atelier n’existe pas. L’artiste est encore dans les limbes. Le ciel est vide, seulement traversé de grandes balafres blanches. Les blanches c’est le langage des hommes qui s’essaie à la profération mais, sur Terre, la mutité est grande qui scelle les destins et les reconduit à la nullité. Nul n’est pressé d’apparaître. Il y a tant de douceur à ne pas exister, à être une simple courbure au ciel des choses. A demeurer dans l’enceinte de peau. A ne pas faire effraction.
Mais il y a la nuit tendue d’un bord à l’autre de l’horizon.
Mais il y a la grande toile blanche qui attend dans l’ombre.
Au début rien. Une rumeur, parfois, qui s’estompe avant que de parvenir à être. Des traces. Infinitésimales. Une buée. La naissance de quelque chose. Le bourgeon replié sur son germe. Des gouttes qui scintillent sur la grande scène du Néant. On dirait que cela va venir. On dirait que cela s’étoile. Oui, des langues, oui des bouches. Oui des sexes. Qui se meuvent. Qui articulent. Qui jaillissent de l’antre primitif. Grande anémone aux infinis cils vibratiles. Qui disent le désir. Disent l’existence en sa plénitude. Si difficile de s’extraire de la poix, de la gangue de terre, de devenir étant au regard du monde. De donner naissance. Oui, naissance. Car, maintenant l’urgence. Oui, l’urgence de sortir de cette immense mer de la vacuité. De faire présence. D’agiter le sémaphore de ses mains, d’enduire les falaises du bitume du sens, de répandre les signes de l’humain. Ô pariétales perditions dans la nuit des grottes ! Ô sanguine ! Ô ocre ! O mains négatives plaquées sur la grande solitude des hommes ! Ô bison ! Ô pointe de flèche qui va clouer la peur à même l’instinct, dans la fourrure tachée de sang, dans la grande amygdale qui sécrète la mort. Alors on s’accouple. Alors on est animaux saisis d’angoisse et les vulves s’ouvrent afin que la semence fasse son office et remplisse le vide et comble la peur.
Mais il y a la nuit tendue d’un bord à l’autre de l’horizon.
Mais il y a la grande toile blanche qui attend dans l’ombre.

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31 août 2021 2 31 /08 /août /2021 17:10

On est arrivé là où l’on devait s’atteindre, au lieu de la contemplation. Tout est si retiré dans l’obscur et le monde semble s’être évanoui dans quelque ornière, à l’abri des regards. Soir en majesté. Le crépuscule gagne son domaine, celui du doute et du sommeil précédant les songes, les longues flottaisons, les réminiscences, les espoirs, les projets insensés. Là, devant, Blanc-Nez est perdu dans son propre logis, paraissant même n’avoir plus de lieu où reposer. C’est une étrave à peine lisible, la proue d’un navire ensablé que des langues d’eau visitent depuis les rainures de sable. C’est presque irréel cette masse se distinguant à l’aune d’un murmure, de la mer, du nuage, du ciel qui pèse comme un couvercle de fonte. Tout mis au secret et les hommes dont nulle présence n’est visible. Ça bat longuement à l’intérieur de soi. Ça interroge. Ça lance ses gerbes d’étincelles. Dans le mystère même du promontoire que rien ne semble distraire de sa nature sourde, échouée en plein espace, c’est de sa propre énigme dont il est question. Avancée de rocher jouant en écho avec l’avancée de chair. Deux continents invisibles qui s’affrontent, se dissimulant à la vue de l’autre. Qu’a donc à cacher la falaise que l’homme ne pourrait connaître ? Qu’aurait donc à dissimuler l’Existant que le Cap ne pourrait saisir ? Nous participons de la même aventure : faire phénomène en un temps, un lieu déterminés, même si les mesures de l’homme, du rocher ne jouent pas sur le même registre. En vérité, présence face à une autre présence. Parole scellée du Vivant, parole mutique de la Pierre. Mais signes identiques. Qui disent la nécessité de paraître et d’échanger des messages. Minces sémaphores dans la nuit du monde. Blanc-Nez ne reposerait-il pas sur les fondements d’une possible connaissance ? A commencer par la sienne propre ?

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31 août 2021 2 31 /08 /août /2021 17:08

La très belle image d’André Maynet met en scène une posture identique à celle du sfumato, elle est un sfumato, mais aussi un vibrato, une « écriture de la lumière » qui s’affirme en se retirant, une illusion, une « phantasia » qui ouvre notre imaginaire et le laisse en suspens. Ainsi sont les œuvres lorsqu’elles nous installent hors de nous, dans une énigme qui nous tient en émoi. C’est une vapeur qui monte de la Muse, une dentelle de clarté, un rayonnement si proche d’une pierre d’albâtre qui serait illuminée de l’intérieur, un gonflement de phosphènes, une parole venue du plus loin du temps qui échouerait au rivage de l’être, une douce feuillaison des choses en leur immobile et silencieuse supplique, l’apparition d’une Lune gibbeuse au-dessus de l’inquiétude des hommes, l’émergence d’un corps antique dans le luxe d’un marbre, l’à-peine persistance d’un Pierrot dans son habit de rêve, le poudroiement d’un talc dans la levée de l’heure, la chute souple d’une cascade dans un inaccessible lieu, l’onde se réverbérant sur la hanche d’une amphore, la pliure du vent océanique dans le brouillard d’une dune, la vibration claire d’un colibri à contre-jour du ciel, l’eau phosphoreuse de la lagune pareille à un étain, le glissement d’un feu assourdi sur la gemme de jade, la caresse du jour sur la pierre d’un sanctuaire, le tournoiement éternel de la corolle du derviche, l’empreinte originelle posée sur une toile d’un Puvis de Chavannes, un séraphin en pleurs dans le doute mallarméen, l’arrondi crépusculaire d’un galet, le pli de la couleur dans la coulure de lave, la nuée de cendre qu’un ciel efface, la gorge d’ardoise d’un pigeon ramier, les toits de Paris sous une cimaise de plomb, les lignes grises des cairns couchés sous le vent d’Irlande, l’ovale d’un lac sur un plateau d’Ecosse.

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29 août 2021 7 29 /08 /août /2021 14:22
Voilà ce à quoi nous conduit le poème. Nous nous absentons du monde. De nous-mêmes aussi. Comment dire cette étrangeté qui s'empare de nous et nous dévoile un rayon d'infini ? Car, sur la terre, tout s'évanouit dans un lumineux poudroiement. Car, dans le ciel, tout se déploie et s'élance bien au-delà du vibrant arc-en-ciel. Car l'eau frissonne de milliers d'yeux qui sont comme de rapides comètes. Car le feu inonde les regards et se répand en nappes rubescentes partout où une once d'esprit se dérobe à la curiosité mondaine. Car nous sommes nous-mêmes en même temps que nous ne le sommes plus ou bien ne le sommes encore. Car tout s'étoile et signifie jusqu'aux limites de l'absolu.
Les mots ne sont plus des mots qu'à retourner l'écran de notre peau de manière à en faire une voile tendue au souffle de la déraison. Notre vue se brouille, notre vue se rétracte, l'étrave de notre chiasma, bombardée de millions de phosphènes, rutile dans le blanc. Nos dendrites dansent dans les gangues de grise myéline, notre aire occipitale ploie sous les meutes d'images polychromes. Et notre cochlée, somptueux limaçon empli de toutes les rumeurs du monde, jongle avec les spirales des sons multiples.
Nous sommes au creux même de notre ressourcement, nous sommes redevenus ce que nous n'avons cessé d'être, de simples remuements aquatiques abrités sous l'arche polychrome. Notre fontanelle souple, ludique, translucide, tutoie le merveilleux dôme par lequel, bientôt, nous serons au monde, dans le plus complet éblouissement. Cela fuse, cela fait ses paysages oniriques, cela déplie les infinis fragments du kaléidoscope interne. Traits, pointillés, courbes, parenthèses du jour, orbe abritant de la nuit, nuages d'ébène, soie de la peau d'amour, lèvres ourlées du carmin désir, froissements d'eau, enlacements de doigts, pliure du poème en ses tintements d'abeilles, ruche dorée par où s'écoule le miel de la pure donation, vibrance du nectar, élancements du pollen dans toutes les dimensions de l'espace.

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29 août 2021 7 29 /08 /août /2021 14:19
C’est juste une lumière, l’aile d’un papillon, la visitation d’une soie et rien d’autre que vous ne se présente au monde. La nuit est à peine finie que le jour s’installe avec la paresse de l’aube. Tout dans la caresse, tout dans le retirement de soi. Croyez-vous donc que le temps pourrait s’inverser et nous reconduire aux premiers jours, aux premières rencontres ? Vous souvenez-vous, au moins, combien la brume était légère, les heures étales, pareilles à l’eau grise de la lagune ? Et ce fier campanile qui semblait ne se dresser qu’à fêter notre rencontre. Ce jour est si loin et c’est comme si, jamais, il n’avait été. La cendre envahit tout et l’horizon est une perdition, une fuite que jamais nul cercle ne referme.
Dans la rumeur de vous
Voici ce qui me reste et la vie demeure dans son insistance de glu. Mais comment donc saisir ce qui est rêve, cette aile translucide que l’air dissout et les doigts pleurent de leur soudaine vacuité ? De leur silence. C’est comme un vertige de se souvenir. C’est comme une plaie et les braises s’y abîment avec la densité d’un cri. Votre prénom, je ne l’ai même pas connu. Seulement un tourbillon au creux de l’oreille, des meutes de frissons, l’éclair d’un bas pointillé de blanc, un tapis frangé, une tenture faisant son clair-obscur sur la pente de la mémoire. Et pourtant les idées de vous sont si claires. Pareilles à la trajectoire parfaite de la flèche et la cible est trouée en plein cœur. Et la cible ne tient qu’à recevoir la prochaine pointe qui la déchirera. La laissera à demeure pour l’éternité.

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7 avril 2020 2 07 /04 /avril /2020 13:34
Être consigné à son abri

Être consigné à son abri comme la diatomée est circonscrite à son protoplasme en forme d’illusoire transparence. C’est de ceci dont on était saisi et l’étonnement se dissimulait encore à notre entour avec des discrétions d’ellipse. Pour la grande aventure anthropologique, tout restait encore à voir, à comprendre, à tester du bout des lèvres. Il y avait comme une immense aporie constitutive des choses et tout se dissimulait dans le tout, sans fin ni commencement, comme une plainte, un sanglot qui aurait parcouru l’univers à la manière des cheveux des comètes, ne prenant jamais acte de la traînée d’écume dont, en grande partie et d’une façon essentielle, elles étaient constituées. Une conscience d’avant la conscience, tricotant une maille à l’endroit, une maille à l’envers, genre de Pénélope défaisant chaque jour le métier de la veille. Dans la trame du tissage, parmi les allers-retours de la navette prosaïque, il fallait introduire la césure, il fallait déchirer le voile du réel, non pour lui faire rendre raison, le monde n’est jamais cela, mais pour l’amener à paraître dans la forme d’une énigme au moins partiellement lisible.

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7 avril 2020 2 07 /04 /avril /2020 13:32
Puis, on ne sait pas très bien comment

Puis, on ne sait pas très bien comment, cela est venu ce dépliement de corolle, cette efflorescence qui n’en finissait pas de faire ses chatoiements, ses dialogues de comptine. C’était comme un chant qui serait venu du Ciel avec des écumes blanches d’oiseaux et des ailes de nuages, des glissements d’air et des perles de pluie. Cela entrait dans le golfe des oreilles avec des flux si doux, cela s’installait dans l’aire souple de la bouche, cela lustrait la peau avec la délicatesse de la lagune à frôler l’anse des rives. Cela faisait naître. Cela dépliait les rémiges de la conscience. Cela s’étoilait jusqu’aux confins de l’ombilic. Les mains étaient prises du vert amande des feuillages, les pieds comptaient leurs doigts sur les bouliers multicolores des enfants. Alors, de là où l’on était, le cristallin s’ouvrant à la lumière, la pupille forait son puits d’obsidienne, on pouvait REGARDER, - ce prodige -, on pouvait se saisir des choses et les déposer sur la pointe extrême de son envie de connaître. Car, ici, depuis l’Hélice Grise, tout prenait sens avec l’amplitude d’un cosmos. Tout apparaissait en fragments polychromes dans les fines ciselures des kaléidoscopes.

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7 avril 2020 2 07 /04 /avril /2020 13:30
Tout parlait le langage de la beauté.

Tout parlait le langage de la beauté. En bas, tout en bas, la mangrove était loin qui faisait ses écluses d’eau saumâtre et ses glissements d’anaconda. Tout demeurait dans l’indistinction, l’inachèvement, comme si la vie sur Terre n’était que végétative, repliée en boule terminale de fougère. En attente d’une fécondation. Mais c’était bien le regard dont on avait reçu le don qui illuminait le tout du Monde. C’était la lame du phare faisant son infinie rotation qui sortait les choses de leur densité primaire. On regardait la libellule de cristal et d’émeraude et celle-ci prenait son envol pour nous dire la merveille d’exister. On regardait le luxe polychrome du caméléon et il déroulait sa langue de gemme pour se saisir de ce qui passait à sa portée : des grains de lumière, des perles de rosée, des feuillaisons de poèmes. On regardait la crête de la montagne et elle s’ouvrait pour nous dévoiler les cristaux qui éclairaient ses flancs tachés de nuit. C’était une ivresse que de se laisser emporter par cette Hélice Grise qui nous possédait de l’intérieur, grande vague déferlant tout contre les voilures de l’esprit. Un immédiat gonflement du sens courant jusqu’à la courbe dernière d’une nuit toujours disponible, toujours fécondante. Car il n’y avait pas de barrière pour délimiter les vastes territoires de la pensée, car il n’y avait pas d’obstacle élevant sa herse devant les élans de l’intellection. Tout était là dans l’évidence et l’on flottait dans cet espace qui, tout à la fois, était un non-lieu et la totalité des lieux, un non-temps et la totalité des instants portés à l’incandescence.

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