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21 octobre 2013 1 21 /10 /octobre /2013 09:36

 

Automnales.

 

 (Sur un poème de Pierre Kahane).

 

aut 

 Photographie : Blanc-Seing.

 

 

"Au tournant d'octobre,
amie, ami, 

vois la paix sourdre
de l'Oeil des sources,
des pierres,
des monts,
et ceux qui portent feuilles
libérer or ou rouille,
pour offrir à la terre
l'humble humus 
et merci."

 

 Pierre Kahane.

 

 

 

 D'un air de rien, avec des mots de tous les jours, l'Ami Pierre Kahane nous distille une manière d'harmonie qui fera son trajet dans nos neurones automnaux, en sourdine, mais, un jour, il y aura résurgence, fatalement, car l'on ne saurait s'abreuver à l'Oeil Majuscule issu des sources, pas plus qu'à l'esprit des pierres ou des monts, simplement habités de quelque distraction.

  Arbres nous deviendrons, frissonnants sous la blancheur de l'aube, alors que les premiers frimas nous dépouilleront du seul or dont la nature nous a fait l'offrande et que nous restituerons à la terre nourricière cette rouille dont elle aime à s'habiller.

  "Humus", apparenté à "homo" (humain),  comme un éternel retour du même de ce qui, issu de la terre,  y retourne avec humilité, de "humilis""près de la terre", merveilleux enchaînements étymologiques, comme pour nous dire l'espace d'une vérité, depuis notre origine jusqu'à notre probable "enterrement", toujours la "terre" comme fin dernière.

  Et la gratitude de cette dernière, la terre, car c'est bien elle qui nous dit "merci", non le Poète que nulle reconnaissance n'attache à nos mortelles destinées, étant immortel par nature, Le Poète s'entend ! 

 

 

 

 

 

 

 

 

   

                                                                         

 

 

 

 

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23 septembre 2013 1 23 /09 /septembre /2013 13:44

 

Nous sommes les enfants de la Terre et du Ciel.

 

 la-terre-vue-du-ciel

 Source : Jeanbaptistebesnard's Blog.


 

(Sur une proposition

d'Isabelle Alentour).  

 

 

"Une nuit, sur la mer. 
Dehors il pleuvait. 
Eux, au-dedans, ils s’aimaient. 
Insensible tangage et sourde volupté. Les vagues venaient de très loin les bercer. Les bercer, et mourir. Entre chaque vague un suspens. La première très joyeuse, la dernière pure vibration, chant inaudible et indicible entrecoupé de nappes de sommeil. 
Au matin, un peu de chagrin. Longtemps la jeune fille regarda l'homme allongé auprès d’elle.
- Les plaines sont trop étroites et la terre pesante, lui disait-il. Tu ne seras pas loin, mais tu ne seras pas là. Aussi chaque jour je t’apporterai des orages, et nous irons les danser sur les plages. 
- Regarde, dit la jeune fille simplement. Regarde tout autour l’étendue des possibles."

 

 

  Lire ceci, c'est comme de s'installer sur le bord du monde et regarder l'origine. Tout est dit del'Homme dans le refuge auprès de l'Amante, cette conque qui recueille et fait don de la vie. Doux bruissement, rythme des vagues amniotiques, terre d'asile toujours quittée à regret. Car sortir du possible en direction du réel est toujours une douleur. Seul le grand Océan primitif amène son tangage pareil à une universelle harmonie. Symbiose, fusion, volupté en miroir. Gagner les rives de la Terre et, alors tout paraît trop étroit, aussi bien les plaines, tout semble se disposer à la lourdeur, à la pesanteur, aussi bien les plis de la glaise.

   On a quitté la Terre Promise, on a plongé au mitan des vagues existentielles. La Femme est désertée, son amour libre, ouvert, s'est replié à la manière d'une corolle souple, tentaculaire, genre d'anémone de mer occluse, reconduite à son souvenir d'outre-vie, là où ne s'informaient que de pures virtualités.L'Homme est orphelin, abandonné à son sort, solitude forant jusqu'au tréfonds de l'âme. "Tu ne seras pas là", tu seras quelque part sur le cercle de  réminiscence, mémoire aquatique, vagues, rythme syncopé, univers en suspens. Mais comment retrouver cette libre disposition de Soi à l'Autre autrement que par le rêve, l'imaginaire, la longue et sourde méditation. "Les bercer et mourir", voilà donc cette vérité qui sépare les Amants - la première relation est de cet ordre, l'inceste est toujours une fable qui rôde juste au-dessous de la ligne de flottaison - les Amants qui, chacun de leur  côté, accomplissent leur  chemin dans cette manière de bercement, rythme immémorial cerné de finitude.

   Jamais on ne sort de cette alternative, de ce balancement, de cette vibration ontologique du jour à la nuit, de l'ombre à la lumière. Le ciel est, lui aussi, devenu trop étroit. Alors que reste-t-il pour distendre la peau fripée du monde, si ce n'est inciser le ventre des nuages, y faire surgir les éclairs - cette sublime métaphore de la divinité, de l'esprit, de la brûlure de l'intellect - d'y provoquer l'orage. L'orage comme larmes du ciel, mémoire du grand bain primordial, destination la Terre qui en sera fécondée afin que puisse se reconduire le cycle temporel vers un genre d'infini. D'absolu. L'Amour n'est rien que ceci ou bien n'est pas. Tout Amour reproduit en microcosme ce que le grand Amour primordial, immense macrocosme a dessiné au sein même des âmes dont elle veut réaliser l'assomption sur les vagues terrestres. En définitive, nous ne sommes que les Fils, les Filles de ces belles noces de la Terre et duCiel qu'un jour nous connûmes, afin de porter témoignage de leur existence. Tous, nous le savons mais, souvent, renonçons à en tracer l'arche de lumière. Pourtant c'est gravé en nous, comme la marche des étoiles est inscrite sur la courbure de l'éther. 

 

 

 

 

 

 

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15 juillet 2013 1 15 /07 /juillet /2013 10:42

 

"Le corps du silence, cette parole qui borde la jouissance."

 

Anne-Angelique Meuleman-Zemour

 

 

 

 

  Entre percutant aphorisme et poésie elliptique, ici nous est fait le présent d'une réflexion à connotation abyssale. Comment, en un seul empan de l'énonciation, réunir en effet le corps, cette métaphore inquiétante, cette visibilité d'un toujours invisible; le silence qui est la condition de possibilité de toute parole et, aussitôt,  dans une belle relation affinitaire la parole donc, émanation du sublime langage alors que pointe le museau fouineur et fouisseur du désir, lequel ne se montre qu'afin de se mieux dissimuler. Ou l'art de dire beaucoup en énonçant peu. Les ressources du langage sont illimitées ! Merci de nous incliner à le penser. C'est de notre essence d'homme dont il s'agit, laquelle, souvent, identiquement au silence est un murmure à peine esquissé dont nous ne percevons, la plupart du temps, que l'écume de surface et pourtant l'abîme est là qui fait ses subtiles girations. Ecrire est simplement se retenir en-deçà de la chute, tant que tient la belle polyphonie. 

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