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18 avril 2019 4 18 /04 /avril /2019 12:52
VERITE

 

       « Ce que vous cherchez

         vous cherche aussi »

 

          Œuvre : Dongni Hou

 

***

 

 

Vous êtes là,

Dans la grande pièce

Aux murs bleus.

Vous êtes là,

En vous,

Écoutant votre rumeur simple,

La cherchant comme

Vous vous mettriez en quête

D’un objet rare,

Un incunable au maroquin fauve,

Une pièce d’argent portant l’effigie

De quelque héros

À vous seule destiné.

 

Nul n’habite ce lieu

Si ce n’est le silence.

Nul ne vous regarde

Que votre conscience.

Elle est le don

Qui vous a été remis

À votre naissance,

La boussole qui vous guide

Dans cet oublieux destin

Qui, parfois, menacerait

De vous laisser

Au bord du chemin.

 

Tout contre vos pieds,

La dalle de bois clair

Vous dit la grâce immédiate

De votre âge

Encore nubile.

Cambrée sur la pointe des pieds,

Afin de mieux découvrir l’horizon

Qui vous attend et vous requiert

Bien au-delà de vous,

Dont vous goûtez,

Par avance,

La douceur de soie,

Parfois le rugueux

Et l’incompréhensible douleur.

 

Tout, ici, est beau,

Qui chante l’inimitable

Souci d’exister.

C’est comme une onde

Qui vous traverse

Et vous dépose

Sur des rives inconnues.

Elle vous façonne à votre insu

Et vous en éprouvez

Le continuel écoulement,

Ce luxe à jamais.

 

Ce miroir doré est

Si mystérieux,

Il est votre double,

L’éternel reflet

Que vous tendez au monde.

Qu’y voyez-vous qui, jusqu’ici,

Aurait été dérobé à votre vue ?

Est-ce vous qui y paraissez

Ou bien votre ombre ?

Ou bien l’illusion

Qui vous sauve

Provisoirement

Du naufrage ?

 

Êtes-vous si orientée

Vers le passé

Qu’il vous réconforterait ?

Vous regardez la lumière levante

Comme si elle était le lieu

De votre propre naissance.

Auriez-vous peur de l’avenir,

Du tressage des jours

En leur singulière décision ?

 

Il y a ces miroirs en enfilade,

Ces représentations en abîme.

Vous vous en détournez de peur,

Sans doute,

D’y découvrir un message

Qui vous disconviendrait,

Qui vous dirait telle

Que vous ne souhaitez être

Regardée.

 

Connaissez-vous, au moins,

La pure élégance

De votre dénuement ?

Cet air de fuite qui se plaque

À votre corps

Dans la manière d’une fugue ?

Vous connaissez-vous,

Au moins,

Ou ne vivez-vous que

De pures illusions ?

Vous êtes si absente à vous

Dans le jour qui vient !

Peut-être êtes-vous éparse

À vous-même,

Dans l’inconnaissance

De votre être,

Égarée dans le flou

De quelque sentiment diffus ?

 

Savez-vous, au moins,

Les termes selon lesquels

On s’interroge à votre sujet ?

Les idées sont si lancinantes,

Elles jettent leur filin

Au plus profond de la nuit,

Taraudent les rêves,

Les exténuent sur le bord

D’un illisible rivage

 

Ce, à propos de quoi

Vous questionnez,

J’en devine le tremblement,

En ressens l’urgence.

Vous le savez en votre fond

Mais feignez d’en réduire la voilure

D’abattre le grand foc

Et de naviguer à l’estime.

Vous demeurez sur le bord

D’une VERITE

Et attendez qu’elle éclose

D’elle-même,

A l’aube de vos pensées.

 

Nulle VERITE ne peut être atteinte

Autre que partielle.

Un rapide brasillement,

La flamme perdue qui vacille,

Le saut capricieux d’un feu-follet,

Puis plus rien qu’une complainte,

Au loin,

Qui s’efface et meurt

Aux abords tranchants de la nuit.

 

Cette VERITE qui vous tourmente,

Vous la savez hors de vue.

L’appréhenderiez-vous

Et vous seriez

Dans l’incertitude même

De votre être.

Elle ne se dévoile jamais

Que lorsque nous atteignons

Notre totalité.

Autrement dit c’est notre mort

Qui nous la livre selon

L’offrande dernière

Qui clôture notre propre sens.

 

Demeurez donc

Dans cette attitude craintive

Aussi bien que naïve de celle

Qui vit en émoi d’elle-même

Et n’attend rien d’autre

Qu’une mélodie sans fin.

Elle se donne

Pour certitude infaillible.

 

« Ce que vous cherchez

vous cherche aussi »

 

VERITE ne vous trouve

Que partiellement accomplie,

Aussi il vous faut être

En progrès de vous,

Jusqu’à votre pointe

La plus avancée,

Pour lui appartenir.

Nul retour n’est envisageable.

Toujours le temps

Va de l’avant

Toujours !

 

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