On n'aborde jamais un long texte qu'à la manière dont on courtise une maîtresse !
A propos des textes classés sous la rubrique "Néo-fantastique". Les quelques textes qui vous sont proposés sont longs et, souvent, d'accès difficile. Ceci en raison de l'adoption de thèmes "extra-ordinaires" au sens strict et, ensuite du recours à une écriture non conventionnelle. Bien évidemment, qu'il s'agisse du Blog ou bien des Réseaux Sociaux, ce sont les textes les plus courts qui bénéficient de la meilleure audience. Ce fait s'inscrit, tout simplement, dans une pratique du média de type "journal". Aller à l'essentiel le plus vite possible. Cependant l'intérêt de ces supports consiste tout autant à permettre la diffusion de textes plus longs, plus étoffés, cherchant à se situer dans une certaine profondeur, en même temps que sont expérimentées de nouvelles façons d'aborder l'écriture. Pour les curieux qui seraient tentés d'aborder ces textes mais qui reculeraient devant l'ampleur de la tâche, des MORCEAUX CHOISIS sont publiés à leur intention, afin qu'ils se hasardent sur quelque sentier inhabituel.
Pour tous les "boulimiques" de lecture, aussi bien d'ailleurs que pour les "anorexiques", qu'il nous soit permis, ici, de leur communiquer une petite astuce qui leur sera précieuse face à un texte dont ils redoutent la complexité ou bien la longueur. Voici comment procéder : ouvrir un livre qui suscite votre intérêt à n'importe quelle page et lire, au hasard, quelques extraits significatifs. Puis poursuivre cette exploration en maints endroits du texte afin que se dégagent quelques affinités, que se crée du désir. Ceci revient, en amour, à pratiquer le flirt plutôt que l'assaut et l'art de la guerre. Expérimenter ceci donne des résultats étonnants et "l'Aimée" révèlera ses charmes bien plus tôt qu'espéré !
Afin de vous initier en toute simplicité à cette esthétique de l'approche et reprenant la formulation de la très célèbre et talentueuse Duras, "même en cas de détestation", osez vous immiscer parmi la touffeur des pages. Sans doute beaucoup succomberont sous le premier assaut alors que d'autres poursuivront leur découverte avec quelque audace. Et ceci, l'impression que vous retirerez de votre lecture ne se révélera, au mieux, qu'au bout de quelques pages. Il en est ainsi du marathonien qui n'atteint son rythme et la production d'endorphines qu'après bien des foulées. Mais, pour user d'autres métaphores, sachez que l'on ne pratique jamais la "noire idole" (l'opium) que par petites touches successives. Il en est de même pour le poison dont on ne peut contourner la puissance mortifère qu'à confier son corps à une patiente mithridatisation.
En guise d'instillation d'une veuve noire, sans doute repoussante, mais infiniment bien disposée à votre égard, voici un mince extrait tiré de "Fin de partie héliopolitaine" :
"Siméoni sortit peu à peu de sa torpeur. "Bizarre, tout de même, se dit-il, cette impression de légéreté." Sa tête flottait en haut de son corps, menue, aiguë, infiniment mobile, surmontée de deux cils vibratiles, peut-être d'antennes métalliques; ses yeux étaient deux globes disproportionnés, divisés en un myriade de fragments sur lesquels ricochait la lumière."