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20 mars 2022 7 20 /03 /mars /2022 11:13
???????  Ouverts à la Question   ??????

Source : Encyclopédie Atypique Incomplète

 

***

 

(Cette longue méditation est dédiée

 à Patrick Geffroy Yorffeg

et à Léa Ciari

dont Je sais qu’ils consonent avec ceci qui, ci-après,

 essaie de se dire en mode métaphysique.

Merci infiniment à eux de cheminer de concert.

Ainsi la solitude,

cet irréfragable horizon humain,

se partage et les pas deviennent

plus légers !)

 

**

 

   [En guise de préambule - Ci-dessous, un flot infini de Questions. Telles des poupées gigognes, elles n’ont de sens qu’à s’emboîter les unes dans les autres afin qu’une manière de sens puisse leur être attribué. Seulement la métaphore s’arrête au point même où les Poupées sont nécessairement finies, elles ont un début et une fin, une quantité au gré de laquelle elles trouvent leur propre place dans la loi des séries. Bien évidemment le questionnement métaphysique qui va suivre fonctionne selon un paradigme fort différent. Par définition le fait d’exister, et les questions qui lui sont corrélatives, sont en nombre infini. Toujours une question appelle une autre question.

   Témoignent de ceci les questions itératives des jeunes enfants qui, vers l’âge de trois ans, se livrent à une véritable quête « épistémologique ». L’enfant veut savoir pour savoir. Ainsi fusent des interrogations qui, le plus souvent, demeurent sans réponse, questions sur les mystères de la Nature, la rotondité de la Terre, la Qualité physique des objets, l’attribution de Prédicats divers selon les catégories qui affectent les choses.

   Bien évidemment, l’on peut vivre sans questionner. Du moins en apparence. La plupart, tel Monsieur Jourdain, interrogent sans le savoir.

 

Marcher est questionner

Aimer est questionner

Mourir est questionner

  

   Le plus admirable, sans doute, la Question en tant que Question, la fameuse « variation eidétique » où les Essences interrogées, si elles ne répondent nullement, sont mises en demeure de le faire. Chaque question dégage un site, ôte l’inessentiel, si bien qu’un noyau dur se montre, lequel s’approche d’une apodicticité, d’une vérité pour soi. Questionner est déjà répondre !

 

[Bon courage à ceux et celles qui liront jusqu’au bout.

Que Ceux, Celles qui n’ont osé lire s’interrogent sur leur choix.

Déjà, en eux, l’amorce d’une réponse.]

 

*

Questionner, c’est questionner le Fondement.

Questionner, c’est questionner l’Origine.

Questionner, c’est questionner Qui-l’on-est

Qui-est-l’Autre,

Qui-est-le-Monde

 

QUESTIONNER

 

 

Le Monde est Fou,

 le Monde est devenu Fou

 à force de confiance en lui,

à force de décisions tyranniques,

 à force d’irrespect

vis-à-vis de la Nature.

 Le Monde est devenu Fou.

Est-ce une fatalité ?

 Est-ce inscrit

dans le destin de l’Homme ?

L’Humanité est-elle une essence

seulement provisoire ?

Existe-t-il une Éthique ?

 La sacro-sainte Morale

 a-t-elle encore des Droits ?

L’Altérité possède-t-elle

 un miroir dans lequel

pouvoir nous regarder sans honte ?

L’Égoïsme n’est-il devenu

la Valeur Dominante ?

Les Choses viennent-elles

encore à nous

dans la Simplicité ?

Sommes-nous encore émus

par un Sourire d’Enfant ?

L’Amour s’inscrit-il

à la cimaise des fronts ?

Sommes-nous devenus

Insensibles au Sensible ?

La Philosophie a-t-elle encore

droit de cité ?

Quel vent souffle donc

sur les agoras des villes,

si ce n’est celui de l’ennui ?

Regardons-nous encore une fleur

avec quelque sympathie ?

 

Questionner, c’est questionner le Fondement.

Questionner, c’est questionner l’Origine.

Questionner, c’est questionner Qui-l’on-est

Qui-est-l’Autre,

Qui-est-le-Monde

 

QUESTIONNER

 

Éprouvons-nous une joie à nous plonger

dans la lecture d’un Romantique Allemand ?

D’un Novalis ? D’un Hölderlin ?

D’un Achim von Arnim ?

 D’un E.T.A. Hoffmann ?

D’un Jean-Paul ?

Un vers de Victor Hugo

résonne-t-il parfois

dans la conque de nos oreilles ?

« Les Tournesols » de Van Gogh

 nous disent-ils encore

la grande douleur

de l’Artiste Maudit ?

Le désarroi qu’il y a à créer

 dans le champ vide de la Solitude ?

Un Arthur Rimbaud peut-il encore naître

et nous combler de ses « Illuminations » ?

 Saurait-on encore aujourd’hui

s’énivrer savamment d’une Absinthe,

écrire un Poème à sa suite ?

Sait-on encore connaître

le monde pur de la Beauté

en lisant un vers de Racine ?

Le nom de « Phèdre » est-il, pour nous,

L’énoncé de deux simples syllabes

ou bien sonne-t-il encore

comme le sommet

de l’art de la Tragédie ?

Savons-nous au moins entendre

Dans le beau Nom de Calliope,

celle « qui a une belle voix » ?,

Dans celui d’Euterpe,

« la toute réjouissante » ?,

Dans celui de Thalie,

 « la florissante, l’abondante » ?,

Dans celui d’Uranie, « la céleste »,

Dans ceux de nos vis-à-vis,

dans le nôtre,

la singularité qui nous échoit

telle l’empreinte

qui nous est la plus familière ?

Sommes-nous encore capables

d’assigner un lieu à la Culture,

d’élever un Temple

à la gloire de la Mythologie ?

 

Questionner, c’est questionner le Fondement.

Questionner, c’est questionner l’Origine.

Questionner, c’est questionner Qui-l’on-est

Qui-est-l’Autre,

Qui-est-le-Monde

 

QUESTIONNER

 

Sait-on encore cheminer

 dans la Nature

et méditer sur Soi ?

Le fabuleux Siècle des Lumières

nous éclaire-t-il parfois en quelque façon ?

Éprouvons-nous encore une sorte de fièvre

à nous plonger dans un article

de l’Encyclopédie ?

Nous vient-il à l’esprit de regarder,

des heures durant,

une mappemonde,

 d’y lire les noms

 des merveilleux Pays :

Kirghizistan, Jordanie,

Yémen, Tasmanie,

Chili, Mauritanie,

de faire de ces noms

des poèmes,

 de ces mots

des voyages,

 de ces sons

des médiateurs

 pour l’imaginaire ?

Sommes-nous capables de tout ceci

 ou bien préférons-nous capituler

 devant les fascinations

 qu’exercent sur nous

les Sirènes de la Mondialisation ?

Eprouve-t-on jamais une joie à découvrir

dans les pages d’un livre ancien

tel rituel de tel Peuple,

 telle image sépia nous disant

 la vie des Existants sur Terre

en leur lieu, en leur temps,

 les traits d’une singularité

aujourd’hui fortement menacée ?

 

Questionner, c’est questionner le Fondement.

Questionner, c’est questionner l’Origine.

Questionner, c’est questionner Qui-l’on-est

Qui-est-l’Autre,

Qui-est-le-Monde

 

QUESTIONNER

 

Parfois, au chevet de sa nuit,

 se hasarde-t-on à lire

quelques pages des

« Rêveries du promeneur solitaire » ?

 Sait-on encore apprécier

l’inimitable verve

d’un Denis Diderot ?

Dispose-t-on, chez soi

d’un Cabinet de curiosités,

fût-il aussi modeste

qu’une archéologie sentimentale ?

Éprouve-t-on un ressenti devant les rides

d’un visage patiné par les ans ?

Cette guerre de l’autre bout du Monde

nous concerne-t-elle

à la hauteur de son seul spectacle ?

 S’étonne-t-on encore

 du visage d’une pierre ?

Le chêne tors sur le plateau libre du Causse

nous parle-t-il la langue de la Vérité ?

 Le lieu de notre coruscant désir

 peut-il se déporter

de l’amphore d’une hanche,

de la gloire d’une poitrine,

se porter sur l’inaperçu,

le fuyant, l’illisible,

la nervure d’une feuille,

la blanche parution d’une racine ?

Peut-on encore rencontrer le Monde

 sans fards, sans apprêts ?

 Exige-t-on encore de Soi de défricher

quelque concept vertical ?

Sous l’apparence, perçoit encore

 la profondeur ?

La Beauté nous visite-t-elle

à l’aune d’une esthétique

 ou bien la contemplation

d’une simple chose

peut-elle nous combler ?

Avant d’en ressentir

le phénomène

en l’Autre,

perçoit-on la propre altérité

qui nous habite et nous divise ?

 Nous sommes nous-mêmes

dans la plus pure des évidences

et cet Autre chanté si brillamment

par l’Auteur du « Bateau ivre »

est-il pour nous, autre chose

qu’une simple hallucination ?

 

Questionner, c’est questionner le Fondement.

Questionner, c’est questionner l’Origine.

Questionner, c’est questionner Qui-l’on-est

Qui-est-l’Autre,

Qui-est-le-Monde

 

QUESTIONNER

 

Sert-on la Technique bien plutôt

 que l’on ne se sert d’elle ?

Sous les belles frondaisons de l’arbre,

percevons-nous les racines,

les tapis de fins rhizomes ?

Si le Monde est une Chair,

et sans doute l’est-il,

 pénétrons-nous assez avant

de manière

à en connaître le suc,

autrement dit l’Essence ?

Chez Celui, Celle-qui-nous-font-face,

que remarque-t-on :

la beauté du visage,

le trait d’esprit,

la disposition d’âme,

la richesse intellectuelle,

 la simplicité,

l’aisance à être Soi

parmi les objets du Monde ?

 Est-on jamais assuré

d’être soi-même

en sa propre Vérité ?

Éprouve-t-on au moins

 une pensée originale

chaque jour qui passe ?

 Est-on si habitué à Soi

que l’on ne se sent

 même plus exister ?

Quel miroir nous tend donc

 la réflexivité

de notre conscience ?

 Chez l’Autre, ne cherche-t-on,

prioritairement,

que la confirmation

de son propre Soi ?

Tous les rapports humains

nous comblent-ils

ou certains seulement

 et de faible venue ?

Manions-nous l’hypocrisie

 qui consiste à sauver notre âme,

à sacrifier  celle de notre prochain ?

Combien de fois par jour dit-on

le verbe « Aimer »

avec une suffisante conviction ?

Le cadeau que l’on fait

n’est-il d’abord

à destination de Soi ?

Nous avisons-nous parfois

de créer du Nouveau

ou bien nous satisfaisons-nous

de restaurer l’Ancien ?

Dans le fil continu de notre existence,

un jour se lève-t-il qui nous trouve

au sein même de-qui-nous-sommes ?

 

Questionner, c’est questionner le Fondement.

Questionner, c’est questionner l’Origine.

Questionner, c’est questionner Qui-l’on-est

Qui-est-l’Autre,

Qui-est-le-Monde

 

QUESTIONNER

 

Que retient-on du passé,

sinon ce qui nous plaît, nous flatte,

nous désigne aux yeux des Autres

comme digne d’être considérés ?

 Sommes-nous, chaque minute qui passe,

le fossoyeur de la précédente

ou bien ouvrons-nous

 une Nouvelle Clairière,

y allumons-nous

 une Nouvelle Clarté ?

Notre Être nous est-il présent

en quelque manière

ou bien nous contentons-nous

 de dénombrer nos avoirs ?

Nos actes sont-ils spontanés

ou bien réfléchis ?

Sous le tyrannique

 « Principe de Raison »,

laissons-nous parfois naître

le frais ruisseau de l’Intuition ?

 Nous est-il déjà arrivé de faire

 l’inventaire de nos Affinités ?

 Demeure-t-on plus longtemps

que quelques secondes

 devant le chef-d’œuvre

qui illumine la salle du Musée ?

Avons-nous déjà questionné suffisamment

la raison d’être de l’Esprit, de la Religion,

 le sens de l’Histoire, les vertus de la Philosophie,

apprécié en son fond la richesse de la Littérature ?

 

Questionner, c’est questionner le Fondement.

Questionner, c’est questionner l’Origine.

Questionner, c’est questionner Qui-l’on-est

Qui-est-l’Autre,

Qui-est-le-Monde

 

QUESTIONNER

 

Pour nous, le Néant

est-il autre chose

 qu’une simple abstraction ?

L’éprouvons-nous en nous

 tel cet Être indéfinissable

après lequel nous courrons

sans jamais pouvoir l’atteindre ?

Avons-nous déjà déterminé la nature

de notre Ton Fondamental ?

Ou bien considérons-nous cette notion

à la façon d’une pure invention de l’esprit ?

 Parfois la Solitude, chez nous,

a-t-elle été synonyme

d’un rayonnement subtil de la Joie ?

La Tolérance est-elle tolérance

eu égard à nos propres idées

ou bien accordons-nous une place

au sentiment,

au ressenti

de celui-qui-nous-fait-face ?

 

Notre nécessaire Subjectivité n’obère-t-elle

le champ pourtant nécessaire de l’Objectivité ?

Nous sommes-nous avoué,

en notre for intérieur,

que notre Ego est la chose

la plus importante du Monde ?

 Le Monde, est-il pour nous

 un simple mot, une évanescence

ou possède-t-il un suffisant coefficient de Réalité ?

Au sein de notre psyché,

quelle position occupe le Réel :

en première instance

ou bien facultative, contingente ?

Dans l’échelle verticale des Valeurs,

qui donc occupe la première place :

Nous, l’Amour, la Liberté,

l’Argent, la Mort ?

Au cours de notre longue existence

n’avons-vous fait allégeance

qu’à nous-mêmes ?

 Notre première pensée au saut du lit :

l’Amour, le Travail, le bol de café,

la situation du Monde,

nos douleurs, un immédiat bonheur,

la poursuite d’un rêve,

Rien ?

 

Est-il important pour nous

d’établir des catégories,

de poser ici tel objet, là tel autre,

 plus loin une pensée,

 plus loin encore un projet ?

Possédons-nous

un Panthéon personnel

dans lequel se trouvent

notre Livre préféré,

 notre Tableau préféré,

notre Lieu préféré,

notre Qualité préférée,

notre Vice préféré ?

Nous retournons-vous au passage

d’une Belle Fille, d’un Beau Garçon ?

Quel genre de beauté nous émeut :

celle de la Nature,

de la Personne humaine,

de l’Art, de la Science, des Idées,

 de l’Altruisme, du Dévouement,

du Simple en son dénuement ?

Le jugement des Autres à notre égard

nous importe-t-il au plus haut point

ou bien n’est-il qu’un vent passager

sans valeur aucune ?

Avons-nous déjà soutenu le pari

 que nous pouvions nous améliorer,

 modifier notre comportement,

sans aucunement perdre la face ?

Qu’est donc la survenue de l’Autre

d’une manière inopinée 

au sein de notre confort douillet :

une rapide joie, une déconvenue,

un sentiment d’aliénation,

 la volonté d’un pur rejet ?

 N’estimons-nous trop souvent

et de manière égoïque

 que le jugement de l’Autre

 à notre endroit est le pur écho

de la mansuétude

que nous nous destinons

 en propre ?

A nos yeux, tous les Autres

se valent-ils en droit

ou bien Certains, Certaines

 recueillent-ils nos faveurs,

alors que d’autres ne reçoivent

nul accusé de réception ?  

Sommes-nous suffisamment disposés

à cette suprême qualité d’Étonnement

qui fonde la Philosophie et, partant,

dessine la manière dont

 nous nous orientons dans la vie ?

Lorsqu’une Joie nous arrive,

s’estime-t-on suffisamment comblés

ou bien pensons-nous que, toujours,

 quelque chose manque

à notre complétude ?

Méditons-nous sur la Mort

en tant que la Mort,

 chaque jour qui vient ?

N’éprouvons-nous,

au fond de nous,

cette irréfragable certitude

 d’une immortalité dont,

depuis des temps immémoriaux

 le don nous aurait été prodigué,

ce qui nous incline à penser

que les Autres seulement

sont Mortels ?

 

Questionner, c’est questionner le Fondement.

Questionner, c’est questionner l’Origine.

Questionner, c’est questionner Qui-l’on-est

Qui-est-l’Autre,

Qui-est-le-Monde

 

QUESTIONNER

 

Au lu de ces questions

dont nul n’épuisera

les possibilités,

 ne se pose-t-on précisément

la question de leur vacuité ?

De toute façon le fameux

« cercle herméneutique »

 est si vaste,

 qu’une question entraînant de facto

une autre question,

 jamais nous n’arrivons au bout

de nos propres interrogations

sauf lorsque l’étroite coursive,

lorsque le goulot terminal

de la Mort Vraie

nous saisit à la gorge,

étouffant dans l’œuf

et la Parole

et la Pensée

et ce Corps de Vanité

qui nous tient lieu de langage

et trouve son point final

 dans cette Question Terminale :

 le seul absolu qui soit.

 

Questionner, c’est questionner le Fondement.

Questionner, c’est questionner l’Origine.

Questionner, c’est questionner Qui-l’on-est

Qui-est-l’Autre,

Qui-est-le-Monde

 

QUESTIONNER

 

 

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