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8 septembre 2020 2 08 /09 /septembre /2020 10:06

 

Dire de toi la courbe

De ton front

Dire de toi la feuillée

Qui poudre tes yeux

Dire l’impossible et dire

Encore l’invisible

 

Ton âme a-t-elle des ailes

Ton esprit une flamme

Ton corps un lieu qui exulte

Ton sexe une braise

Où calmer mes ardeurs

Es-tu visible autrement qu’en un rêve

Ta réalité coïncide-t-elle avec la mienne

 

Dire ton printemps

De neuve venue

Dire tes premiers pas

Ils font sur la terre

Leur tremblement irisé

Tu tutoies les chemins

Sans en offusquer la poussière

Tu crois à la première neige venue

Tu grimpes sur les genoux en riant

Tu applaudis au moindre souffle d’air

Avec la vie tu es sans distance

Avec l’amour sans complaisance

 

Dire le creuset

De ton âge adolescent

Tes premières émotions

Cette pulsion au centre de toi

Ce bouillonnement

Dire tes premières lectures

Tes rêveries de promeneuse solitaire

Dire tes émois ils girent infiniment

Ils sont des douceurs romantiques

De simples et belles visées idéalistes

Des orbes au large de toi

Tu n’en maîtrises guère la levée

Les subis plus que tu ne les élèves

A la dignité du paraître

Tu es enfance encore inachevée

Tu es attente de toi

 Au coin de chaque chose

Tu es ouverture et n’existes  

Qu’à être comblée

 

Dire ton âge mûr

Le soleil au zénith

Le sillage de Reine

Que tu traces derrière toi

Bien des curieux

S’y brûlent les ailes

S’y abîment dans des gorges

D’insondable clameur

Dire ceux que tu condamnes à n’être

Que des phalènes se cognant

Au verre de la lampe

Des vies sans pareilles

Echouées au rivage

D’impossibles ardeurs

 

Sais-tu au moins ceci

Le vertige de ton passage

Les yeux brûlés pour l’éternité

Les supplices à jamais

De ceux qui ne pourront te rejoindre

Prier seulement en silence

Que ton image vienne

 Hanter leurs impatiences

 

Dire de toi l’inaccessible nom

Dire de toi la fumée et la cendre

Dire de toi ce qui fuit

Jamais ne reparaît

Cette ellipse à l’horizon

Ce cercle refermé sur son tison

Cette luxueuse graine

Que ne semble visiter

Nulle germination

 

Dire de toi l’automne

Ce palimpseste semé

De cuivre et d’or

Les lettres s’y emmêlent

Pour une ultime libation

Sais-tu la décroissance du jour

La perte silencieuse des feuilles

Le soleil chutant au crépuscule

Les mains qui s’agitent

Pour se saisir de toi

Entre elles tu glisses

Eau mobile

Dans la fente d’argile

Eau bientôt fossile

A la souvenance perdue

Puits immémorial

Sur son destin

 Infiniment révolu

 

Dire de toi les premiers frimas

La blancheur qui cerne

La falaise de ton front

Les sillons qui habitent tes mains

Les tremblements pareils

Au bourgeonnement des amants

Au premier rendez-vous

Jamais il ne se reproduira

Les choses s’évanouissent

A même leur étrange visage

 

Dire de toi le chant

Des voyelles de ton nom

Dire de toi le doux

Chuintement des consonnes

Dire de toi le tout et le rien

Dire ton ciel et ta terre

Dire le certain et le fuyant

L’advenu et ce qui attend

Ce qui te révèle et t’efface

 

Dire ton nom est déjà trop

Ne pas le dire est douleur

Dire ou ne pas dire

Tu me mets au supplice

De tracer ton esquisse

De la gommer aussitôt

De toi sur l’ardoise magique

Une simple trace cendrée

Le souvenir d’un geste

La caresse d’amour évoquée

La possibilité d’être

Et de ne pas être

 

Tu es l’épreuve radicale

Ce contre quoi ma vie échoue

A dire plus que ce qu’elle est

La chute dans l’abîme

Et mes yeux sont noirs

Qui sont clos pour toujours

Dire oui dire

Et n’être plus qu’un mot

Se perdant au loin

Là où le monde

 N’a plus cours

Dire et ne pas dire

Qui tu es vraiment

Celle sans contour

Celle sans amour

 

T’ai-je au moins connue

L’espace d’un poème

T’ai-je aimée assez fort

Pour que tu paraisses

Peux-tu au moins me le dire

Peux-tu au moins sourire

Un plissement de tes lèvres

Un clignement d’œil

Un geste de la main

Me combleraient

 

Viens donc à moi

Que ta présence

Fût-elle lointaine,

Sourde, ineffable

Comble la faille

Où je me meurs

Où je suis dans

L’inconnaissance de moi

Dans la pure semence d’effroi

Je suis en moi hors de moi

Je suis perdu au monde

Je suis et ne suis pas

Pareil à cette onde

Au cœur de la nuit

Je suis

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