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25 décembre 2017 1 25 /12 /décembre /2017 10:30
Cette longue dérive

                 Photographie : Anonyme

 

 

***

 

 

Tu me disais la perte de l’être dans l’épaisseur du temps

Tu me disais la fragilité de l’être dans la venue des jours

 

*

Tu me disais cet événement sans nom

Cette longue dérive que rien ne pouvait abolir

Tu me disais cette infinie patience qui sculptait

Ta forme pareille à ces Explorateurs du Vide

A ces illusoires Figures

Homme qui Marche de Giacometti

Tu en avais la douce inclinaison

L’inquiétante étrangeté

L’allure martiale en même temps

Qu’une disposition à la Chute

 

*

Pourquoi te fallait-il être

En avant de Toi

Etrange figure de proue

Penchée sur ton Destin

Toujours tu regardais vers l’arrière

Comme si ton passé te suivait

Ton ombre

Voleur surgissant de la nuit

Pour mieux te captiver

Te ramener en une terre originelle

Étais-tu si privée de présent

Que seuls les jours anciens

Tressaient à ton front

Les palmes de la gaieté

Les mérites de vivre

Que seules les heures natives

Dépliaient les louanges

D’un possible avenir

 

*

 

Tu me disais la perte de l’être dans l’épaisseur du temps

Tu me disais la fragilité de l’être dans la venue des jours

 

Nous avancions en cet étrange binôme

Réalité duelle qui semblait

Sans avenir

Qu’à se perdre dans son propre mystère

Aussi bien Deux figures en Une

Une illisible fusion

Dans la fugue du Monde

Sans doute n’étions-nous

Que ce Voyageur contemplant

Une mer de nuages

Cette silhouette noire

Quelque part du côté de Rügen

Perdue dans un songe baltique

Cette efflorescence de brume

Cette germination d’indécision

Cette question sans réponse

A-t-on jamais pu interroger l’Invisible

Dresser la carte du romantisme

Peindre la volute d’un état d’âme

 

*

 

Le ciel était gris

Qui passait au-dessus de nos têtes

L’horizon une courbe éloignée

Un signe perdu dans l’illimité

Le rivage une étendue confuse

Une aile de corbeau à la noire glaçure

La mer un flux gris

Ourlé d’une tremblante écume

Une parole se perdant

Dans le pli d’un non-lieu

Le ciel était gris qui appuyait

Contraignait à marcher

Au large de soi

Bien au-delà

D’une commune prudence

Peut-être étions-nous  

Des êtres en perdition

De simples décisions

D’un temps insondable

Des errances définitives

Sans autre but

Que de se connaître

Mais le livre de notre odyssée

Était clos immensément clos

Et nous demeurions là

Deux points ambigus

À la lisière du jour

Déportés d’eux

Abolis

Plus rien ne se décidait

À paraître

Rien

Nous demeurions enclos

Inaccessibles

Nous n’étions même plus

Des êtres

Mais des silences plaqués sur les choses

Des dérives marines privées d’amers

Oui Privées

Il le fallait

Étrange Loi

Mutilante Vérité

 

 

 

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