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22 septembre 2017 5 22 /09 /septembre /2017 09:58
Tout au bord de l’eau grise.

 

Tout au bord de l’eau grise.

 

VOUS étiez dans cette attitude

Dont je n’aurais pu qualifier

La nature

Sorte de Cariatide

Tenant le Ciel

Au-dessus de sa tête

Prenant racine dans le monde

Des choses terrestres

Flottant infiniment

Dans un azur si pur

Qu’on n’aurait pu le toucher

Qu’à l’aune de l’esprit

Qu’à la force souple de l’âme

 

Tout au bord de l’eau grise.

 

Tous les jours

Que le temps inventait

VOUS étiez assise

Sur cette souche étroite

Qu’ont eût supputée

Placée là

Pour VOUS

Et pour nulle autre présence

 

Toutes les heures

Que le temps créait

Je longeais ce lac

Cette étendue d’eau grise

Cette impalpable ligne de schiste

Dans laquelle se reflétaient

L’eau blanche des nuages

Le céladon adouci du Ciel

La ligne sombre des collines

Une langue d’onde verte

D’ovales ilots

Une avancée de Terre

Qui ressemblait

A votre teint d’olive

A sa profondeur

A son mystère

 

Tout au bord de l’eau grise.

 

Quel que fût le temps

Plût-il

L’atmosphère fût-elle

De feu

Ou bien le vent

De glace

Vous demeuriez

Tant et si bien

Qu’il eût été illusoire

De VOUS comprendre

VOUS

L’Atlante

Qui séjourniez parmi les hommes

Dans cette forme d’absence

Dont ne pouvait témoigner

Qu’une Déesse

 

***

 

Mais quel fronton

De quel temple

Souteniez-vous

VOUS dont l’étrange destinée

VOUS portait

A la limite

D’une invisibilité

Alors qu’alentour

Hormis votre hiératique esquisse

Rien ne paraissait que de normal

Rien n’avait lieu

Que dans l’inconsistance

De l’heure

Un ris de vent

Que la moindre saute d’humeur

Eût vite effacée

Tant les choses de la Terre

Paraissaient

Superficielles

 

***

 

VOUS ayant aperçue

Et le regard demeurait

Aimanté

Magnétisé

Pareil à une étincelle

Forant la nuit

De sa rouge question

Dardant sa pointe

Avant que l’Ombre

Ne l’éteigne

Dans son rêve de brume

Dans sa dérive d’encre

 

Tout au bord de l’eau grise.

 

Souvent il m’arrivait

Depuis l’anonymat

De l’autre rive

Yeux fixés sur des jumelles

De VOUS

Isoler

De tout ce qui n’était pas

VOUS

Afin de garder

Intacte

Votre Essence

De ne la point diluer

Dans les mailles

Etroites

De l’incertitude.

Tout au bord de l’eau grise.

 

Ce jour

Lumineux

Diaphane

Est le jour de

L’Automne

Cette parenthèse du Temps

Ce repos

Après l’exultation

Cette halte avant

Que l’hiver

Ne noie tout

Dans ce frimas

Qui semble éternel

Aux impatients

Qui piaffent d’ennui

Aux amoureux

Qui ne souhaitent

Que de se dénuder

Aux chemineaux

Qui courent les sentiers

Sous la morsure de la bise

 

***

 

Ce jour

Est d’or et de paille

Ce jour est tissé de pollen

Et nul ne songerait à être triste

A se réfugier

Dans l’aridité d’une mystique

L’abrupt d’une méditation

Seule est admise

La contemplation

Qui fait du pluriel

L’Unique

Qui métamorphose

La mélancolie

En pure Joie.

 

Tout au bord de l’eau grise.

 

Le trajet a été accompli

Le cercle se referme

Qui me ramène

Jusqu’à

VOUS

Dans cet écrin de silence

Qui ne saurait avoir

D’autre lieu

Que celui que l’on assigne

Aux choses

Rares

Aux incunables

Par exemple

Dans le luxe d’une

Bibliothèque

 

Mais parfois

Surgit l’énigme

D’un autodafé

Et des manuscrits

Ne demeurent plus

Que des cendres

Et quelques signes épars

Qui regagnent

L’effacement

D’avant leur parution

 

Tout au bord de l’eau grise.

 

La souche rongée par

Le Temps

Est levée sur la scène

Du jour

Une plante au sol

Un étoilement vert

Quelques fragments de bois

Ossuaires

Comme si la Mort

Les avait atteints

Avant qu’ils ne rejoignent

L’eau donatrice de vie

L’eau lustrale par laquelle

Recevoir un nom

Et perdurer dans le cycle

Des saisons

 

***

 

VOUS il m’en faut assumer

 La biffure

En

Croix

X

Cette perte qui

Jamais n’aura réparation

J’aurais voulu

VOUS connaître et voilà

Que VOUS m’échappez

A l’instant où j’allais

VOUS Saisir

Au moins par la pensée

Au moins par le sentiment

D’une jouissance immédiate

 

Au pied de la souche

(Est-elle la souche

Une métaphore

De ce qui a été

Qui jamais

Ne trouvera

D’espace où renaitre)

Au pied de la souche

Une page arrachée d’un livre

Illisibles mots

Sauf

Cette phrase qui figurait

Sans doute en épigraphe

Du texte

 

« La mélancolie

Est une maladie

Qui consiste

A voir les choses

Comme elles sont »

 

Etiez-vous identique

A l’état d’âme

Nervalien

Etiez-vous

Celle qui vivait

Le Réel

Jusqu’en ses derniers

Retranchements

Etiez-vous

Cette Lucidité

Placée à la proue

Des Choses

Ceci

Jamais ne le saurai

Mais vit-on

D’autres nourritures

Que celles

Terrestres

De l’Illusion

Vit-on

 

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